Dans cette interview croisée, Nordine Agueni, Président du GGMINA et Alain Balestri, Président de l’ASSOCA, répondent à nos questions sur les défis rencontrés par les producteurs après cet été caniculaire.
1 : Actuellement, quelles sont les principales caractéristiques de la production et de la consommation des fruits et légumes dans notre région ?
NA : En région PACA, la consommation
de fruits et légumes est la plus élevée de France,
portée par le régime méditerranéen. La région
est aussi un grand bassin de production :
elle fournit près d’un cinquième des fruits français
et se distingue par des produits emblématiques
comme les tomates, melons, cerises, ou encore
la figue de Solliès.
AB : D’une manière générale, la production
s’adapte à la consommation de la période
précédente, laquelle est souvent cyclique.
Par exemple, je produis du concombre long,
dont la demande était atone depuis 2 ans,
et qui est repartie sur de bonnes bases.
Je m’attends donc à une bonne année 2026,
puis à nouveau à un fléchissement.
2 : Quelles sont les conséquences concrètes du changement climatique, en particulier l’épisode caniculaire que nous avons vécu cet été ?
AB : La canicule du mois de juin a grandement
impacté la production de tomates. Nous avons eu
50% de perte de floraison par rapport à la même
période en 2024. Il va falloir nous adapter, car le
phénomène concerne, à des degrés divers, toutes
les productions.
NA : La canicule de cet été illustre les effets
concrets du changement climatique : les récoltes
diminuent, les fruits et légumes mûrissent trop
vite ou se brûlent au soleil, leur conservation
devient plus difficile, la consommation d’énergie
augmente pour le froid, et les risques pour la
santé et le stress hydrique se multiplient.
3 : Selon vous, selon quelles tendances le marché devrait évoluer à court terme ?
NA : À court terme, le marché des fruits
et légumes sera influencé par la hausse des prix
et le pouvoir d’achat limité : les consommateurs
privilégient davantage des produits de proximité,
de saison et dont la qualité et l’origine sont
clairement identifiables. La demande pourrait
donc diminuer en volume, malgré une production
qui reste soumise aux aléas climatiques.
AB : La plupart des producteurs n’anticipent
pas de modification majeure de la consommation,
sauf crise internationale majeure, qui impacterait
la production mondiale.
4 : Comment améliorer les synergies entre grossistes et producteurs du MIN ?
AB : Les grossistes, comme les producteurs,
cherchent avant tout à vendre au meilleur prix.
De plus, les producteurs disposent de plus en
plus d’opportunités pour vendre directement aux
particuliers. À mon avis, il faut donc multiplier
les échanges d’information entre, d’une part les
exploitations agricoles qui dépassent une certaine
taille critique, et d’autre part, ceux parmi les
grossistes qui prennent en charge la logistique,
et se positionnent sur la qualité, et pas seulement
sur le prix.
NA : Au MIN des Arnavaux, les synergies peuvent
s’améliorer si grossistes et producteurs échangent
régulièrement sur les volumes et la qualité des
produits, partagent des informations sur la
demande et les tendances, et coordonnent
mieux la logistique pour réduire les pertes
et mieux valoriser les produits. La confiance
et la transparence dans les relations commerciales
restent essentielles pour que tout le monde
y gagne.